
Contrairement à une idée reçue, un simple marquage « CE » sur un équipement moto ne garantit en rien un niveau de protection élevé ; il confirme seulement une conformité minimale.
- La norme EN 17092 (classes AAA, AA, A) est le véritable bulletin de notes de la résistance de votre vêtement.
- Les protections internes (niveau 1 ou 2) déterminent la quantité de force que votre corps encaissera lors d’un choc.
- Un casque, même tombé de faible hauteur, subit des dommages internes irréversibles et doit être remplacé.
Recommandation : Auditez systématiquement l’étiquette complète de chaque équipement avant l’achat, en vérifiant la classe du vêtement (EN 17092) et le niveau des protections (EN 1621), pour investir dans une sécurité réelle et non supposée.
Combien de motards choisissent leur blouson pour son look, leur jean pour sa marque ou leur casque pour sa couleur ? L’achat d’un équipement de protection individuelle (EPI) est souvent guidé par l’esthétique, le confort ou le prix, reléguant la sécurité à une confiance aveugle dans le logo « CE » cousu à l’intérieur. On pense être protégé parce que l’équipement est « renforcé » ou vendu dans un magasin spécialisé. Pourtant, cet acte de foi peut coûter très cher sur le bitume.
Le problème est que le monde des normes est un véritable labyrinthe pour le non-initié. Entre les codes alphanumériques comme EN 17092 ou ECE 22.06, les classes AAA, AA, A, et les niveaux 1 ou 2, l’étiquette ressemble plus à un message codé qu’à une information claire. Cette complexité arrange bien des fabricants qui peuvent jouer sur l’ambiguïté pour vendre des produits à l’allure protectrice, mais dont la résistance est à peine supérieure à celle d’un vêtement de ville. Ce sont des équipements « placebo » : ils rassurent l’esprit mais ne protègent que très peu le corps.
Et si la véritable clé n’était pas de mémoriser chaque norme, mais d’adopter la mentalité d’un contrôleur qualité ? Cet article vous propose une rupture : nous n’allons pas simplement vous lister des normes. Nous allons vous donner une méthode d’audit simple et rigoureuse pour déchiffrer n’importe quelle étiquette. Vous apprendrez à transformer ce jargon technique en un bulletin de notes transparent sur la capacité réelle de l’équipement à vous protéger. Vous saurez identifier les points faibles, questionner les promesses marketing et, finalement, faire un choix éclairé basé sur des faits, pas sur des impressions.
De la résistance à l’abrasion de votre blouson à la capacité d’absorption de votre dorsale, en passant par la structure interne de votre casque, nous allons disséquer chaque élément. À la fin de cette lecture, vous ne regarderez plus jamais un équipement de la même manière.
Pour vous guider dans cette expertise, cet article est structuré pour vous faire monter en compétence, point par point. Découvrez le sommaire de votre formation pour devenir un acheteur averti.
Sommaire : Comprendre les certifications de votre équipement moto pour un achat sécurisé
- Classe AAA, AA, A : que signifie vraiment la nouvelle norme sur votre blouson ?
- Niveau 1 ou niveau 2 : quelle protection choisir pour votre dos et vos articulations ?
- Le piège du « jean renforcé » : pourquoi une protection CE ne suffit pas à faire un EPI
- Votre casque est tombé ? Pourquoi vous devez impérativement le jeter (même s’il a l’air intact)
- L’airbag moto est-il devenu indispensable ? Le guide pour tout comprendre
- 22.05 vs 22.06 : le match des normes qui va changer votre sécurité
- Dans les coulisses d’un crash-test de gant : comment votre coque est certifiée
- Norme 22.06 : pourquoi votre prochain casque vous protégera beaucoup mieux (et comment le choisir)
Classe AAA, AA, A : que signifie vraiment la nouvelle norme sur votre blouson ?
Lorsque vous examinez l’étiquette d’un blouson ou d’un pantalon moto, la première information cruciale à rechercher est sa classe selon la norme EN 17092. Cette classification, composée des lettres A, AA ou AAA, est le bulletin de notes global de votre vêtement. Elle ne juge pas un seul aspect, mais la conception générale de l’équipement, sa résistance à l’abrasion, la solidité de ses coutures et sa résistance au déchirement. C’est l’indicateur le plus fiable de la protection qu’il offre en cas de glissade.
Chaque classe correspond à un niveau d’exigence et à un usage type. Un vêtement de classe A est conçu pour un usage urbain à basse vitesse. Il offre une protection minimale contre l’abrasion, suffisante pour de courts trajets. À l’opposé, la classe AAA est le plus haut niveau de protection, équivalent aux exigences de la compétition sur piste. Ces équipements sont conçus pour résister aux conditions les plus extrêmes et aux vitesses élevées. La classe AA représente un excellent compromis pour un usage routier et touring, offrant une protection très robuste pour la majorité des situations.
La différence concrète réside dans les protocoles de test. Par exemple, les matériaux des vêtements de classe AAA sont testés à une vitesse de 120 km/h sur un abrasif, tandis que ceux de classe A ne sont testés qu’à 45 km/h. Cela signifie qu’un vêtement de classe A pourrait se désintégrer en quelques fractions de seconde lors d’une glissade sur autoroute, là où un modèle AAA conserverait son intégrité structurelle bien plus longtemps, protégeant votre peau.
Pour y voir plus clair, le tableau suivant synthétise les caractéristiques principales de chaque classe de protection, comme le détaille une analyse comparative issue de la norme EN 17092.
| Classe | Usage recommandé | Vitesse de test | Protections obligatoires |
|---|---|---|---|
| AAA | Piste/Route sportive | Jusqu’à 120 km/h | Épaules, coudes, hanches, genoux |
| AA | Route/Touring | Jusqu’à 70 km/h | Épaules, coudes, hanches, genoux |
| A | Urbain/Basse vitesse | Jusqu’à 45 km/h | Épaules, coudes, genoux (pas hanches) |
Ainsi, choisir la classe de son équipement n’est pas une question de « bon » ou de « mauvais », mais d’adéquation entre le niveau de risque de votre pratique et le niveau de protection que vous achetez. Un vêtement AAA pour aller chercher le pain est sur-protecteur, mais un vêtement A pour un road-trip dans les Alpes est dangereusement sous-dimensionné.
Niveau 1 ou niveau 2 : quelle protection choisir pour votre dos et vos articulations ?
Si la classe (AAA, AA, A) évalue l’enveloppe extérieure de votre équipement, le niveau de protection (1 ou 2) s’attarde sur ce qui se trouve à l’intérieur : les coques de protection aux articulations (épaules, coudes, genoux, hanches) et la dorsale. Ces éléments sont régis par la norme EN 1621 et leur rôle est crucial : absorber et dissiper l’énergie d’un impact pour éviter qu’elle ne soit transmise à votre corps sous forme de fracture. Le choix entre le niveau 1 et le niveau 2 a un impact direct sur la gravité potentielle de vos blessures.
La différence entre ces deux niveaux n’est pas subjective, elle est mesurée en laboratoire par la quantité de force résiduelle transmise lors d’un choc. Pour être certifiée, une protection est frappée avec une énergie standard. Les capteurs mesurent alors la force qui passe au travers. Pour une protection de Niveau 1, la force moyenne transmise doit être inférieure à 18 kilonewtons (kN). Pour une protection de Niveau 2, beaucoup plus exigeante, cette force doit être inférieure à 9 kN. Concrètement, les données montrent qu’une protection de niveau 2 divise par deux la force d’impact transmise à vos os et articulations par rapport à une protection de niveau 1.

Pendant longtemps, les protections de niveau 2 étaient perçues comme rigides, épaisses et inconfortables, les réservant à un usage sur piste. Cet argument est aujourd’hui obsolète grâce aux avancées technologiques des matériaux, notamment les polymères intelligents.
Étude de cas : Les technologies D3O et SAS-TEC
Les protections modernes comme le D3O et SAS-TEC utilisent des matériaux viscoélastiques qui restent souples et flexibles au porté, s’adaptant parfaitement à la morphologie du motard. Cependant, lors d’un impact, les molécules de ces matériaux se verrouillent instantanément pour créer une coque rigide qui absorbe et disperse l’énergie. Cette technologie permet d’atteindre facilement une certification de Niveau 2 tout en offrant un confort et une discrétion supérieurs à de nombreuses protections de Niveau 1 plus anciennes et basiques.
En tant que consommateur averti, votre mission est de toujours viser le Niveau 2 pour les zones les plus exposées, en particulier la dorsale. La différence de prix est souvent minime au regard du gain massif en sécurité. Vérifiez systématiquement que les protections fournies avec un blouson ou un pantalon sont bien de niveau 2, et si ce n’est pas le cas, prévoyez de les remplacer.
Le piège du « jean renforcé » : pourquoi une protection CE ne suffit pas à faire un EPI
Le marché du jean moto est l’exemple parfait où le marketing peut semer la confusion et créer de faux sentiments de sécurité. Des termes comme « jean renforcé », « jean avec Kevlar® » ou la simple présence d’un logo « CE » sur une protection de genou ne signifient absolument pas que le pantalon dans son ensemble est un Équipement de Protection Individuelle (EPI) certifié. C’est le piège le plus courant dans lequel tombent les motards : acheter un produit qui a l’apparence de la sécurité sans en avoir la substance.
Un vrai jean moto homologué est un système de protection complet, où le tissu, les coutures et les protections ont été testés ensemble et ont obtenu une certification globale de classe A, AA ou AAA selon la norme EN 17092. Un jean « renforcé » vendu en dehors des circuits spécialisés peut simplement contenir quelques fibres d’aramide dans le tissage ou une doublure partielle, sans aucune garantie sur la résistance de ses coutures ou sa capacité à retenir les protections en place lors d’une chute. Si le pantalon n’a pas sa propre étiquette de classe (A/AA/AAA), il n’est pas considéré comme un EPI, même si les protections de genoux qu’il contient sont, elles, certifiées CE EN 1621-1.
Pour ne plus jamais tomber dans ce panneau et être capable d’auditer n’importe quel pantalon en magasin, voici la méthode infaillible. Elle vous transformera en expert capable de distinguer un véritable équipement de protection d’un simple vêtement de mode.
Votre plan d’action en magasin : vérifier la conformité d’un jean moto
- Chercher le pictogramme motard : L’étiquette de certification principale doit obligatoirement comporter un pictogramme représentant un motard. Son absence est un signal d’alerte immédiat.
- Identifier la classe de protection : Juste à côté du pictogramme, la lettre A, AA, ou AAA doit être clairement visible. C’est la « note » globale du vêtement selon la norme EN 17092. Pas de classe, pas d’EPI.
- Vérifier les protections internes : Le jean doit être livré avec des protections de genoux (et souvent de hanches) certifiées EN 1621-1. Leur niveau (1 ou 2) doit être indiqué sur les protections elles-mêmes.
- Repérer le numéro de l’organisme notifié : Le marquage CE doit être suivi d’un numéro à 4 chiffres (ex: CE 0123). Ce numéro identifie le laboratoire indépendant qui a réalisé les tests et validé la certification.
- Inspecter les zones de renfort : Un bon jean EPI possède une doublure de résistance (en aramide ou autre matériau technique) couvrant au minimum les zones critiques d’impact et de glissade : genoux, hanches et fessier.
En appliquant cette checklist, vous ne vous fierez plus aux arguments commerciaux, mais aux faits certifiés. Vous saurez avec certitude si le jean que vous tenez entre les mains est un simple pantalon robuste ou un véritable bouclier conçu pour vous sauver la peau.
Votre casque est tombé ? Pourquoi vous devez impérativement le jeter (même s’il a l’air intact)
C’est une scène que tout motard a vécue : le casque qui glisse du rétroviseur ou de la selle et tombe sur le sol. La réaction première est de l’inspecter, de chercher une rayure ou une fissure. S’il n’y a rien de visible, on se dit « plus de peur que de mal » et on continue de l’utiliser. C’est une erreur potentiellement fatale. Un casque est conçu pour un sacrifice structurel : il vous sauve la vie une seule fois en se détruisant de l’intérieur, même lors d’un choc qui semble anodin.
La coque extérieure (en polycarbonate ou en fibre) est conçue pour répartir l’onde de choc et résister à la perforation. Mais le travail le plus important est réalisé par la couche interne, le calotin en polystyrène expansé (EPS). C’est cette couche de « mousse » dense qui se comprime pour absorber l’énergie de l’impact et ralentir la décélération de votre cerveau. Or, cette compression est irréversible. Une fois qu’une zone de l’EPS a été écrasée, même de quelques millimètres suite à une chute d’un mètre, elle a perdu sa capacité d’absorption à cet endroit précis. Votre casque a désormais un point faible, une « zone morte » qui ne vous protégera plus efficacement lors d’un véritable accident.

Des tests en laboratoire confirment que même une chute à vide peut créer des microfissures invisibles dans la structure de l’EPS. La coque extérieure, surtout sur les modèles en fibre plus rigides, peut parfaitement masquer ces dommages internes. Continuer à rouler avec un casque qui a chuté, c’est comme conduire avec un airbag qui s’est déjà déclenché : l’enveloppe est là, mais la fonction de sécurité a disparu. C’est pourquoi tous les fabricants sont unanimes : un casque ayant subi un choc doit être remplacé.
Cette règle s’ajoute à la durée de vie limitée d’un casque, même sans aucun choc. Avec le temps, la sueur, les variations de température et les UV dégradent les matériaux. L’EPS perd de sa souplesse, les résines de la coque en fibre se fragilisent. C’est pourquoi les fabricants comme Shoei et AGV recommandent un remplacement tous les 5 ans après la date d’achat, et 7 ans maximum après la date de fabrication inscrite à l’intérieur.
Considérez votre casque comme un fusible. Il est conçu pour griller et protéger le circuit (votre tête). Une fois qu’il a rempli son rôle, même partiellement lors d’une simple chute, son service est terminé. Le remplacer n’est pas une dépense, c’est un investissement dans votre survie.
L’airbag moto est-il devenu indispensable ? Le guide pour tout comprendre
Longtemps considéré comme un équipement de luxe réservé à la compétition, l’airbag moto s’est démocratisé et est désormais au cœur des discussions sur la sécurité. En protégeant les zones vitales du torse (thorax, abdomen, colonne vertébrale et parfois cervicales), il réduit drastiquement la gravité des blessures lors d’un accident. Mais face à la diversité des technologies (filaires, radio, autonomes) et des modèles économiques (achat, location, abonnement), la question se pose : est-il devenu indispensable et comment s’y retrouver ?
L’airbag n’est pas encore obligatoire, mais il représente sans doute la plus grande avancée en matière de protection passive depuis l’invention du casque. Il agit comme un complément aux protections rigides en créant un coussin d’air qui absorbe et répartit l’énergie de l’impact sur une très grande surface, bien au-delà de ce que peut faire une simple dorsale. Son efficacité est particulièrement redoutable contre les chocs avec des obstacles fixes (véhicules, mobilier urbain).
Cependant, tous les airbags ne se valent pas. Une distinction cruciale est faite par des organismes comme le classement SRA (Sécurité et Réparation Automobiles). Comme le rappelle le site spécialisé Passion Moto Sécurité :
Un airbag ne protégeant pas les cervicales ne peut pas obtenir le label SRA
– Passion Moto Sécurité, Réflexions sur le gilet airbag moto
Cette nuance est importante et souligne la nécessité de bien étudier les zones couvertes par le gilet avant l’achat. Au-delà de la protection, le coût est un facteur décisif. L’investissement ne se limite pas au prix d’achat, il faut considérer le coût total de possession, incluant le reconditionnement après un déclenchement ou les abonnements.
Le tableau ci-dessous, inspiré d’une analyse du coût de possession des airbags moto, offre une vision claire des budgets à prévoir sur le long terme pour différentes technologies.
| Type d’airbag | Prix d’achat | Abonnement annuel | Reconditionnement | Coût total sur 5 ans |
|---|---|---|---|---|
| Filaire Helite | 500€ | 0€ | 59€/cartouche | ~620€ |
| In&Motion (location) | 0€ | 120€ | 99€/incident | ~700€ |
| Alpinestars Tech-Air | 700€ | 0€ | 300€/incident + 200€ révision/2ans | ~1100€ |
L’airbag n’est peut-être pas encore « indispensable » au sens légal, mais il l’est devenu pour quiconque souhaite s’offrir le plus haut niveau de protection possible. C’est un ange gardien électronique dont l’efficacité n’est plus à prouver.
22.05 vs 22.06 : le match des normes qui va changer votre sécurité
Depuis des décennies, la norme ECE 22.05 était la référence européenne pour la certification des casques moto. Mais la recherche en accidentologie a progressé, et cette norme a montré ses limites. Entrée en vigueur progressivement depuis 2022, la nouvelle norme ECE 22.06 représente une véritable révolution en matière de tests et d’exigences. Comprendre les différences entre ces deux générations de normes, c’est comprendre pourquoi votre prochain casque vous protégera beaucoup mieux.
La principale faiblesse de la norme 22.05 était son protocole de test simplifié. Les casques étaient testés via des impacts directs sur seulement six points prédéfinis de la calotte, et toujours à la même vitesse. La nouvelle norme 22.06 est bien plus complète et réaliste. D’une part, la nouvelle norme ECE 22.06 double le nombre de zones testées avec 12 points d’impact aléatoires en plus des 6 points fixes, garantissant une protection homogène sur toute la surface du casque. D’autre part, elle introduit des tests à haute et basse vitesse, car un choc à faible vélocité n’implique pas les mêmes contraintes qu’un impact à grande vitesse.
Mais l’avancée la plus significative de la norme 22.06 est l’introduction des tests d’impacts obliques. C’est un changement de paradigme fondamental. Jusqu’à présent, les tests ne mesuraient que l’absorption des chocs « directs », perpendiculaires à la surface du casque. Or, dans la plupart des accidents, la tête du motard heurte le sol ou un obstacle avec un angle, générant une force de rotation violente. Cette accélération rotationnelle est une cause majeure de lésions cérébrales graves et de commotions, un risque largement sous-évalué par l’ancienne norme.
La norme ECE 22.06 intègre désormais des protocoles spécifiques pour mesurer la capacité du casque à gérer ces forces de rotation. Cela a poussé les fabricants à développer de nouvelles technologies, comme des calotins à densités multiples ou des systèmes de plans de glissement internes (similaires au MIPS® bien connu dans le cyclisme), pour mieux protéger le cerveau contre ces mouvements délétères.
En résumé, un casque certifié 22.06 a subi une batterie de tests beaucoup plus rigoureux, variés et représentatifs des conditions réelles d’un accident qu’un casque 22.05. Le passage à cette nouvelle norme est une garantie objective d’un niveau de sécurité supérieur.
Dans les coulisses d’un crash-test de gant : comment votre coque est certifiée
Les mains sont instinctivement les premières parties du corps que l’on avance pour se protéger lors d’une chute. Elles sont donc extrêmement exposées aux chocs et à l’abrasion. C’est pourquoi les gants sont un EPI obligatoire et leur certification, régie par la norme EN 13594, est tout aussi rigoureuse que pour les autres équipements. Comprendre comment un gant est testé vous permet de choisir un modèle dont la protection est adaptée à votre pratique, au-delà de son simple confort ou de son look.
La certification d’un gant évalue plusieurs critères : la résistance au déchirement, la solidité des coutures, l’ergonomie, et surtout, la résistance à l’abrasion. Mais l’un des éléments les plus visibles est la protection des articulations métacarpiennes, la fameuse « coque ». Sa présence et son niveau de performance sont indiqués par le marquage KP (Knuckle Protection) sur l’étiquette. Un gant simplement certifié « Niveau 1 » ne possède pas obligatoirement de coque protectrice. Si la coque est présente et testée, le marquage devient « Niveau 1 KP » ou « Niveau 2 KP ».
Comme pour les protections d’articulations, le niveau 2 KP offre une capacité d’absorption des chocs supérieure au niveau 1 KP. Mais la différence ne s’arrête pas là. Le niveau global du gant (1 ou 2) influe aussi sur le temps de résistance à l’abrasion. Les tests montrent qu’un gant certifié niveau 2 KP résiste deux fois plus longtemps avec 8 secondes de résistance à l’abrasion, contre seulement 4 secondes pour un gant de niveau 1. Quatre secondes peuvent paraître courtes, mais lors d’une glissade à 90 km/h, c’est la différence entre une main intacte et une blessure grave.
Le choix doit donc être guidé par votre usage. Pour un usage urbain ou de courtes balades à vitesse modérée, un gant 1 KP peut suffire. Pour tout usage routier, autoroutier ou sportif, le niveau 2 KP est fortement recommandé. Il garantit non seulement une meilleure protection contre les impacts sur les articulations, mais aussi une résistance à l’abrasion double, ce qui est crucial en cas de longue glissade.
À retenir
- La classe (AAA, AA, A) est la note globale de résistance de votre vêtement (blouson/pantalon).
- Le niveau (1 ou 2) est la note de capacité d’absorption des chocs de vos protections internes (coques).
- Un casque est un fusible : tout impact, même une simple chute, le rend obsolète car sa structure interne est endommagée de manière irréversible.
- La norme casque ECE 22.06 est bien plus exigeante que l’ancienne 22.05, notamment grâce à ses tests d’impacts obliques qui protègent mieux le cerveau.
Ne sacrifiez jamais la protection de vos mains. Des gants d’été ventilés peuvent aujourd’hui atteindre la certification 2 KP grâce à des matériaux techniques avancés. Il n’y a donc plus d’excuse pour ne pas choisir le plus haut niveau de protection disponible.
Norme 22.06 : pourquoi votre prochain casque vous protégera beaucoup mieux (et comment le choisir)
Maintenant que vous comprenez les avancées techniques de la norme ECE 22.06, la question pratique se pose : comment choisir votre prochain casque et être sûr qu’il est conforme ? Le passage à cette nouvelle norme a des conséquences directes sur les produits que vous trouvez en magasin, notamment en termes de poids, de taille de coque et, bien sûr, de marquage. Devenir un expert, c’est savoir vérifier l’authenticité de la certification.
Une des conséquences des tests plus exigeants est une légère augmentation du poids des casques. Les renforts nécessaires pour passer les tests d’impacts à différentes vitesses et les tests rotationnels ajoutent de la matière. Un motard témoigne que « les casques homologués 22.06 sont effectivement plus lourds en moyenne de 100 à 150 grammes ». Si cette différence est imperceptible sur de courts trajets, elle peut générer une fatigue cervicale accrue sur de longues distances pour les personnes sensibles. Il est donc plus important que jamais d’essayer un casque et de sentir son équilibre sur votre tête avant de l’acheter.
Le point le plus important de votre audit en tant que consommateur est la vérification de l’étiquette. Un casque certifié 22.06 doit comporter une étiquette d’homologation, cousue et non collée sur la jugulaire. Cette étiquette est sa carte d’identité et doit contenir plusieurs informations clés :
- Le cercle avec la lettre « E » suivie d’un numéro, qui indique le pays d’homologation (E2 pour la France, E3 pour l’Italie, etc.).
- Le numéro d’homologation, dont les deux premiers chiffres doivent être « 06 », confirmant la conformité à la norme ECE 22.06.
- Une lettre indiquant le type de protection de la mentonnière : « P » (Protective) pour les intégraux, « J » (Jet) pour les jets, ou « P/J » pour les modulables avec double homologation.
L’absence de cette étiquette cousue ou la présence d’une simple étiquette autocollante doit être un motif de rejet immédiat du produit. C’est le signe le plus sûr d’une contrefaçon ou d’un produit non conforme.
Questions fréquentes sur l’équipement moto
Que signifie le marquage KP sur mes gants ?
KP signifie ‘Knuckle Protection’ – protection des articulations. Le niveau 1 KP ou 2 KP indique la présence et le niveau de protection des coques métacarpiennes.
Pourquoi la paume est-elle si importante dans les tests ?
La paume est la première zone de contact lors d’une chute. Elle doit résister à l’abrasion prolongée pendant la glissade pour éviter les brûlures et blessures graves.
Les gants d’été peuvent-ils être aussi protecteurs ?
Oui, les technologies actuelles permettent d’obtenir une certification complète même sur des gants ventilés, grâce à l’utilisation de matériaux techniques performants.
Vous avez désormais toutes les cartes en main. En adoptant cette grille de lecture rigoureuse pour chaque pièce de votre équipement, vous ne serez plus un consommateur passif, mais un acteur éclairé de votre propre sécurité. La prochaine fois que vous entrerez dans un magasin, appliquez cette méthode. Auditez les étiquettes, posez les bonnes questions, et investissez dans des équipements dont la protection est une certitude, pas une promesse.